extrait 1 du journal La Raison
 
extrait 2 du journal La Raison
 
extrait 3 du journal La Raison

n°77 - nivôse an CXXXIV - janvier 1926 (extraits)

LA RAISON

de la Libre-Pensée

CAUSERIE

du citoyen Daguet sur Victor Bonhommet
poète et écrivain manceau.

Le 25 octobre dernier, un des nôtres, le poète H. Daguet, faisait au siège de notre Société, salle Godard, une conférence fort bien présentée, fort documentée, fort émouvante et fort intéressante sur son ami d’autrefois : Victor Bonhommet, poète du peuple, décédé en 1905.

Le citoyen Daguet, rappelant ses souvenirs d’antan, laissant parler son cœur, nous présente Victor Bonhommet (1830-1905), comme un poète et un écrivain local, sorti du peuple et qui a employé le meilleur de son talent — talent réel — à glorifier le peuple « en retraçant le mieux possible ses misères et ses joies, ses luttes et ses travaux, ses souffrances et ses aspirations vers un but meilleur ».

Le conférencier présente d’abord une courte biographie de Victor Bonhommet qui, ouvrier manuel, eut le courage de compléter son trop léger bagage intellectuel en étudiant les philosophes et les poètes, Victor Hugo était son écrivain favori.

Dès 1869, Victor Bonhommet composa son premier volume de vers intitulé : Le Peuple. C’était une sorte d’épopée en sept chants « véritable monument en vers qu’il tentait d’élever à la gloire des travailleurs ».

Cette vigoureuse poésie avait un caractère nettement pacifiste : dans le chant 4e, Victor Bonhommet fait un tableau dramatique des horreurs de la guerre, ainsi que la désolante revue de tous les maux qui accablent les classes pauvres au cours des siècles, et arrive à l’œuvre gigantesque accomplie en 1789 et années suivantes, par le peuple français, vaillant champion des idées de liberté, d’égalité et de fraternité.

Après la chute de l’Empire, Victor Bonhommet fit dans les journaux locaux, certains articles comme Les Réfractaires au Progrès, La France et le droit divin, Le Souverain qui demandait un maître. Les lettres à Francœur ont une réelle valeur littéraire.

Il en est de même de sa jolie poésie La France, parue dans le journal l’Avenir, dont le directeur était Quesnay de Beaurepaire

Notre poète manceau reçut les félicitations de Victor Hugo et écrivit en 1874 Le monde politique en déshabillé, contenant des pièces d’une virulence rappelant les Iambes de Barbier. Un instant victime du Gouvernement de l’Ordre Moral, Bonhommet réintégré dans son emploi de bibliothécaire-adjoint, continua à produire et fit successivement paraître La chanson des métiers en 1888 et des pièces de vers en l’honneur de diverses célébrités mancelles, écrivit un poème resté inédit sur l’Origine des Religions.

Comme Victor Hugo, Bonhommet chanta les joies de son foyer en des poésies charmantes à l’adresse de sa femme, de ses enfants et petits-enfants, et où se révélait l’âme affectueuse du poète.

Le conférencier rappelle ensuite quelques souvenirs personnels ayant trait aux derniers jours de son ami, et termina en nous présentant Bonhommet, homme politique, libre-penseur et fonctionnaire, nous dit combien il eût à souffrir des gouvernements de Napoléon le Petit, de l’Ordre Moral et de l’intolérance des autorités locales (préfectorales et municipales), qui poursuivirent en Bonhommet le républicain et le libre-penseur.

Victor Bonhommet fonda au Mans, rue de la Juiverie, vers 1882, le Cercle démocratique pour l’instruction et l’éducation du peuple. C’était la première organisation d’une Université populaire dans notre ville, idée généreuse qui fait grand honneur à notre poète manceau.

Notre camarade Daguet termina sa très intéressante causerie en présentant le vœu suivant voté par les membres présents : « Les citoyennes et citoyens réunis à la salle Godard le 25 octobre 1925, après avoir entendu l’éloge de Victor Bonhommet, poète manceau, républicain, demandent à la municipalité du Mans de donner le nom de notre regretté concitoyen à l’une des rues de la Ville, autant que possible dans un quartier populaire, comme Saint-Germain. Victor Bonhommet ayant chanté le peuple dans tous ses ouvrages. »

J’espère que le citoyen Daguet et toute la L.P. mancelle auront un jour satisfaction.


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