Journal La Sarthe du 13 août 1928
LES RUES DU MANS
ET LEUR ORIGINE
RUE VICTOR BONHOMMET
(Anciennement rue du Porc-Épic)
Cette rue ancienne du faubourg de la Couture faisait communiquer la place des Halles (République) avec la place de l’Éperon et les Boucheries.
Nos ancêtres manceaux furent jadis de grands sportifs et avaient une prédilection marquée pour le jeu de paume.
Ce jeu auquel ils se livraient avec ardeur aux XVIe et XVIIe siècles, motivait une réglementation par lettres patentes de 1612 autorisant dix jeux de paume pour la ville du Mans.
L’un de ces établissements et non des moindres était situé dans cette rue et avait pour enseigne un « porc-épic » animal inconnu du vieux monde, jusqu’à la découverte de l’Amérique d’où il est indigène ; il en est fait mention dans Le Roman comique de Scarron.
Cette rue a certainement une origine plus reculée car on découvrit en pratiquant des fouilles pour des constructions des quantités de poteries gallo-romaines, rouges et grises, et d’anciennes fondations démontrant qu’entre les places de la République et de l’Éperon s’élevaient jadis de remarquables habitations remontant à cette époque.
En 1630, une rente de cinq sous est due sur la maison du Porc-Épic ou du jeu de Paume au Mans.
Le Conseil municipal du Mans, par délibération du 22 janvier 1927, donna à la rue du Porc-Épic le nom de Victor Bonhommet, fils d’artisan, lui-même ouvrier menuisier « très connu en son temps comme poète et écrivain local et comme militant républicain.
Composa des chansons de compagnonnage et fut condamné pour ses écrits à plusieurs mois de prison sous le gouvernement de l’ordre moral.
Fut l’un des fondateurs de l’Université populaire du Mans ; c’est pourquoi son souvenir doit être conservé au Mans [où il] demeura à l’entrée de la rue du Porc-Épic, dans la maison où se trouve le bureau de tabac de la Civette.
C’est pourquoi la commission des affaires diverses prie le Conseil de donner à cette rue le nom de Victor Bonhommet, poète manceau 1830-1905. »
M Victor Bonhommet démissionna de conseiller municipal pour être nommé sous-bibliothécaire de la ville ; fonction qu’il occupa jusqu’à sa mort.